Résumé #2 – Journée d’étude de l’AREFE

Le débat sur les sports électroniques, et après ?
Vers une analyse des liens entre les mondes des sports et des jeux vidéo

Inscription (obligatoire) : https://bit.ly/3GTSrWc

Retrouvez l’intégralité du programme ici


« État des lieux de l’échauffement sportif : limites et intégration dans le cadre de l’esport »

Youenn ROCABOY (Université de Bretagne Occidentale)
Indiana FAUGIER (Université Paris Nanterre)

Mots clés : esport, performance, échauffement, cognitif, physiologie

D’après France Esports, l’esport se définit comme l’ensemble des pratiques permettant à des joueurs de se confronter par l’intermédiaire d’un support électronique, et essentiellement le jeu vidéo. Cette confrontation, ou compétition, entre en résonance avec la recherche de l’amélioration des performances. C’est cet aspect qui nous permet de faire le parallèle avec le monde du sport et les connaissances clés de la préparation et l’entraînement à performer. Le champ de la recherche sportive, par son ancienneté et ses recherches empiriques, a pu mettre en évidence à de nombreuses reprises les facteurs de performance visant à préparer le corps et l’esprit en amont de la compétition.

Le lien spécifique entre ces deux domaines qui nous intéresse ici : c’est la recherche d’une performance finale, particulièrement la phase d’échauffement qui la précède.

En effet, lorsqu’un athlète veut fournir une performance maximale à un instant donné, il est important de le mettre préalablement dans les meilleures conditions physiques et psychologiques : c’est le rôle de l’échauffement (Gil, 2019).

Dans le champ du sport, l’échauffement se compose d’activités aérobies sous maximale pour activer le corps, suivi d’étirements et/ou d’exercices spécifiques (McGowan, 2015 ; Young, 2007 ; Zois, 2011).

L’échauffement esportif, par manque de ressources scientifiques, varie en fonction des influences culturelles et sociales des staff encadrants. En effet, les coachs se basent très souvent sur leurs propres observations de terrain et suggèrent que les approches actuelles de l’échauffement peuvent être sous-optimales en termes de performance et liées à une perte de consistance dans la réalisation de ladite performance. Actuellement, il existe différentes approches expérimentales comme l’utilisation de logiciels d’échauffement (ex Kovaak, Aimlab, Aimbot,…) par les joueurs, ou la mise en place d’exercices de coordination par les coachs. Cependant, peu, voire aucune d’entre elles, ne sont justifiées par un cadre théorique scientifique. A notre connaissance, dans la littérature scientifique, il n’existe pas d’études démontrant l’utilité de tels échauffements sur des performances esportives.

Dans le monde académique, des pistes comme l’article de Hine K et Itoh Y (2018) ont montré l’influence de l’échauffement des fonctions cognitives en vue d’une performance. En effet, cette étude montre qu’en échauffant la capacité d’inhibition avec une tâche de Navon, il est possible d’améliorer ses performances dans une tâche différente d’inhibition, une tâche de stroop.

De plus, les travaux de Toth et ses collaborateurs (2020) montrent également qu’une activité physique peut améliorer certaines performances cognitives, comme les doubles tâches.

Cela renforce l’idée qu’il peut y avoir un intérêt à intégrer un échauffement cognitif dans la logique d’échauffement du sport pour la pratique esportive.

Dans cette revue de littérature, nous avons cherché à regrouper les connaissances actuelles sur l’échauffement de performance sportive. Comprendre la logique de l’échauffement sportif avec le prisme des compétences requises par la pratique de l’esport nous a permis de définir les avantages et les limites de ce type d’échauffement dans le cadre esportif. Grâce à ce travail, nous pouvons mettre en avant certaines pratiques et axes de réflexions sur la construction d’un échauffement spécifique à la performance esportive. Les exercices orientés sur la communication, la prise de décision, l’inhibition, l’attention sélective et le changement de tâche semblent être parmi les plus pertinents pour l’échauffement esportif. Dans un second temps, l’activité physique semble être également un moyen adéquat afin d’échauffer les fonctions du système exécutif (Chandrasekaran, 2021 ; Bosquet, 2020 ; Williams, 2019).

L’objectif final de cette revue de la littérature est de pouvoir construire un cadre théorique solide afin de développer ultérieurement un protocole expérimental. Il permet dans le futur de tester l’hypothèse qu’un échauffement cognitif structuré peut optimiser les performances d’un joueur esport. Grâce à cela, nous espérons apporter un regard scientifique à l’échauffement esportif pour conseiller les coach et les joueurs dans le futur.


Chandrasekaran, B., Pesola, A. J., Rao, C. R., & Arumugam, A. (2021). Does breaking up prolonged sitting improve cognitive functions in sedentary adults? A mapping review and hypothesis formulation on the potential physiological mechanisms. BMC musculoskeletal disorders, 22(1), 274.

Gil, M. H., Neiva, H. P., Sousa, A. C., Marques, M. C., & Marinho, D. A. (2019). Current approaches on warming up for sports performance: A critical review. Strength & Conditioning Journal, 41(4), 70-79.

Hine, K., & Itoh, Y. (2018). Warm-up cognitive activity enhances inhibitory function. PloS one, 13(10), e0206605.

McGowan, C. J., Pyne, D. B., Thompson, K. G., & Rattray, B. (2015). Warm-up strategies for sport and exercise: mechanisms and applications. Sports medicine, 45(11), 1523-1546.

Mekari, S., Fraser, S., Bosquet, L., Bonnéry, C., Labelle, V., Pouliot, P., Lesage, F., & Bherer, L. (2015). The relationship between exercise intensity, cerebral oxygenation and cognitive performance in young adults. European journal of applied physiology, 115(10), 2189–2197.

Toth, A. J., Ramsbottom, N., Kowal, M., & Campbell, M. J. (2020). Converging evidence supporting the cognitive link between exercise and esport performance: a dual systematic review. Brain sciences, 10(11), 859.

Williams, T. B., Corbett, J., McMorris, T., Young, J. S., Dicks, M., Ando, S., Thelwell, R. C., Tipton, M. J., & Costello, J. T. (2019). Cognitive performance is associated with cerebral oxygenation and peripheral oxygen saturation, but not plasma catecholamines, during graded normobaric hypoxia. Experimental physiology, 104(9), 1384–1397.

Young, W. B. (2007). The use of static stretching in warm-up for training and competition. International journal of sports physiology and performance, 2(2), 212-216.

Zois, J., Bishop, D. J., Ball, K., & Aughey, R. J. (2011). High-intensity warm-ups elicit superior performance to a current soccer warm-up routine. Journal of science and medicine in sport, 14(6), 522-528.